J’ai écrit cet article en 2015, au retour de notre roadtrip à travers l’Europe.
J’avais besoin d’écrire. Pour partager. Pour montrer la réalité. C’était bien avant la création de Salmon Voyages.
Durant notre roadtrip en Europe de l’Est, nous avons traversés la Pologne, du Nord au Sud.
Cela nous a amené à visiter Auschwitz. L’histoire ne nécessite pas beaucoup d’explications. 2 camps de concentration et d’extermination, plus d’1,1 million de morts, des déportés de toutes nationalités et de toutes religions et appartenances politiques, un vaste complexe administratif et scientifique pour le IIIeme Reich, et aujourd’hui un lieu de recueillement… du moins c’est ce qu’on croyait !
La préparation
Trois mois avant le jour de visite, nous réservons donc notre pass d’entrée, sans guide et donc entièrement gratuit. Nous avons notre horaires de passage, 15h10. Jusque là, on peut comprendre. Des millions de personnes s’y rendent chaque année. Une organisation est donc nécessaire.
Le Camp Auschwitz I
Avant de nous y rendre…
Nous sommes sur un parking à 10km du site et nous nous rendons compte que nous avons des t-shirts avec des motifs tête de mort. Afin de respecter le lieu, nous nous changeons et nous mettons des hauts plus neutres (ce détail aura son importance).
Nous nous rendons sur le site en voiture. L’adresse n’étant pas exacte, nous galérons un peu à trouver le lieu. Mais cela nous permet d’arriver par l’arrière du camp Auschwitz 1, où nous pouvons constater que des allées entières de maison modernes ont des jardins qui donnent directement sur le camp de la mort. Comparé à ce qui va suivre, ceci n’est rien.
Après 15 minutes de galère, nous arrivons enfin sur le site : nous apercevons les cheminées des chambres à gaz, les baraquements de briques et… des restaurants et des hôtels par dizaine, postés juste en face de ce lieu où des millions de personnes innocentes ont soufferts ! Nous surmontons ce premier choc commercial et nous nous dirigeons vers le parking. Un parking payant à 2€, où s’entasse pas moins de 50 autobus de touristes (nous avons compté !!). Nous étions tout simplement le seul véhicule à venir indépendamment d’un voyage organisé !
La première onde de choc est passée mais la deuxième n’a pas tardé à arriver !
Nous arrivons à l’entrée visiteurs : nous comptons 4 kiosques pour Snacks et boissons !
« Aller, prend donc un petit coca avant de visiter, ça te fera du bien ».
Le pire reste quand même le restaurant installé dans le premier bâtiment du camp…. No comment !
On se retrouve au milieu de groupes de cinquantaines de personnes, la plupart en train d’engloutir des sandwichs tout en prenant des photos de l’entrée du camp. 90 % des jeunes femmes sont vêtues de mini shorts et de décolletés immenses laissant apparaître les soutiens gorges. Le festival de Cannes à Auschwitz.
Je suis d’accord, il fait chaud. Mais pour le respect des lieux, 2h de visite sous la chaleur, ça ne vaut même pas un dixième de ce que les gens ont pu subir dans cet endroit. Autant dire que nous avons commencé à monter en pression : nous ne voulions pas contribuer à cette machination.
Nous essayons de garder notre calme et lorsque 15h10 sonne. Nous nous enfilons devant les groupes de retraités français et espagnol. Nous commençons alors la visite du camp. Le camp est parfaitement entretenu, des panneaux nous indiquent les points historiques. De ce côté, rien à dire ! Nous parcourons les nombreuses expositions présentent dans les baraquements. Des expositions touchantes, où des murs entiers de photos de détenus vous prennent à la gorge. Des tas de cheveux de plusieurs mètres de haut vous laissent sans voix. Il y a même une exposition très intéressante dédiée aux français déportés à Auschwitz. La visite des chambres à gaz et des fours crématoires me laissent encore sans mots… des lieux touchants et poignants. Rien que d’y penser, j’en ai encore les larmes aux yeux…
A côté de ça, RETOUR A LA RÉALITÉ !
« Tiens, tu me prends en photo devant la poutre des pendus ? »
« Hey prends moi en photos devant le mur des fusillés »
« Ah le block 19, je me prends en selfie devant »
Si nous avions dû dire quelque chose à chacune de ces personnes irrespectueuses, nous aurions dû reprendre les trois quarts des visiteurs. Comment peut-on arriver à un tel niveau d’irrespect ?
Cet article n’est pas là pour critiquer l’humanité et ce qu’elle devient. Cet article est juste là pour dénoncer et prévenir les personnes comme nous. Celles qui veulent innocemment visiter les camps de concentration, sans forcément s’identifier sur Facebook et y poster une photo en disant « j’y étais ».
Le Camp Auschwitz II Birkenau
Mais malheureusement ce n’est pas fini. Après la visite du camp I, nous avons voulu visiter le camp II Birkenau. Après nous avoir proposé 5 fois la navette payante du site, nous avons enfin trouvé l’itinéraire pour s’y rendre avec notre propre voiture. Une fois sur place, un autre parking à payer, avec les mêmes autobus de touristes alignés.
Ce parking a un petit truc en plus : une jolie terrasse ombragée, où vous pouvez simplement vous restaurer….avec vue sur le camp !!!!
Mais le mieux reste….le magasin de souvenirs !! Un petit magnet Auschwitz pour la grand-mère, ou un t-shirt pour le cousin….ça fait toujours plaisir…!
Après ces malheureuses découvertes, nous visitons, toujours sans guide, le camp II Birkenau.
Ici, il n’y a pas d’horaires d’entrée. Le site est vaste et permet de circuler librement. Le camp ayant été détruit par les Nazis juste avant sa découverte en 1945, il ne reste plus grand-chose. Des baraquements ont été reconstruits pour mieux comprendre l’ampleur du site et son fonctionnement. Les chambres à gaz et fours crématoires sont aujourd’hui un tas de pierre écroulé au sol. Seules les rails témoignent réellement du site. Et au loin, vous pouvez apercevoir des centaines de cheminées de baraquements s’aligner et témoigner de cette tragédie de l’histoire.
Cet article n’est pas uniquement là pour critiquer mais pour alerter.
Les camps d’Auschwitz sont et resterons des lieux de mémoires et émouvants. Cependant, si vous décidez de vous y rendre, préparez-vous psychologiquement à affronter la commercialisation du site ainsi que ses visiteurs adeptes de selfies.
Ce témoignage aura au moins permis une belle chose: la rencontre avec nos amis blogueurs Les Voyages de Surtsey. Ils avaient fait aussi un roadtrip à la même période, avec la visite des camps. Ils avaient témoignés de ces absurdités sur un groupe de voyageurs.