*Cet article ne prend aucune position politique ou religieuse. Je ne fait que relater ce que j’ai vécu lors de mon séjour, en toute sincérité.*
Juillet 2019.
Dans ma tête, aller en Palestine c’était risquer sa vie. Merci le cerveau d’occidentale retourné par les médias.
J’ai changé d’avis, j’en suis très heureuse.
Nous sommes arrivés à Jérusalem, ville séparée en 2, avec l’Ouest avec la communauté juive, et l’Est avec la communauté musulmane. Entre les murs de la vieille ville, il y a les chrétiens, qui défendent aussi leur territoire.
Direction Bethléem
Depuis Jérusalem, nous avons loué une voiture (côté Est, pour pouvoir passer le checkpoint. Les voitures de location de l’Ouest ne vous l’autorise pas).
Nous sommes partis en direction de Bethléem, à seulement 20 minutes de route.
Premier checkpoint
Pour rentrer en Palestine depuis Israël, il n’y a aucun contrôle. Le retour sera différent.
Nous rentrons donc sans problème et nous faisons face à ce mur de 8m de haut, qui s’étend sur des centaines de kilomètres.
Je prends des photos. Il y a des tags engagés sur tous les murs. Il n’y a pas un espace de libre. J’ai l’impression d’être à Berlin. Sauf que le mur est plus grand. Sauf que le mur est d’actualité.
Et moi, je suis là, une touriste française, témoin de cette histoire, et qui finalement ne comprend pas grand chose à cette situation.
Nous marchons le long de ce mur aux allures artistiques. Ce mur qui crie à la liberté.
L’artiste Banksy est passé par là.
Il a dénoncé en taguant sur le mur. Mais il a aussi dénoncé en créant un hôtel, le Walled Off, faisant face au mur.
Au rez-de-chaussée de l’hôtel se trouve un musée relatant l’histoire de la création du mur.
Des images poignantes, des faits relatés sans filtres.
Dans une des salles, il y a une mise en scène avec un téléphone fixe qui sonne.
Je décroche. J’entends un homme dire « Je suis des services secrets. Votre maison va être détruite par un missile. Vous avez 5 minutes pour sortir ». Je raccroche. Je suis perturbée par cette histoire que je connais si peu et qui est pourtant actuelle. Cette histoire faussement relatée par les médias, à coup de mots violents comme « terrorisme » ou « islam radical ».
Je finis la visite par une petite touche positive. La visite des chambres d’hôtels, qui m’ont exceptionnellement été ouvertes par le directeur. Les chambres ont été décorées par Banksy avec ses dessins muraux (plus d’images dans la vidéo à la fin de l’article). Elles sont juste superbes ! Mais dès que l’on regarde dehors, la vue sur les murs et les barbelés rappel vite à l’ordre.
Visite de Bethléem
Après ce point compliqué à vivre, nous avons continué notre visite vers le centre ville.
Nous nous sommes arrêtés dans une petit restaurant local, où j’ai mangé le meilleur houmous du séjour. C’est une salle minuscule, avec la cuisine juxtaposée, où les carcasses de viande trônent à côté du plan de travail #local
Après avoir mangé pour seulement 12€ par personne, nous sommes partis visiter le souk, à la découverte des petites rues escarpées et de ses activités.
Nous nous sommes arrêtés dans un salon de thé. Enfin…dans une ruelle avec des chaises, où on nous sert du thé local. Un délice, puisque ce ne sont que des feuilles fraîches !
Nous sommes revenus sur la place principale où nous entendions de l’animation. Une quinzaine de jeunes dansaient. Des femmes avec cheveux au vent. Des hommes en jean. Ils dansaient pour la paix et la démocratie. Ce moment était surréaliste mais tellement beau et touchant !
Nous avons terminé par la visite de l’église de la Nativité, où serait né Jésus. L’étable est maintenant en sous-sol et recouverte par une immense église et monastère.
Nous sommes arrivés dans ce sous-sol. De nombreux fidèles sont agenouillés et embrassent l’endroit de la naissance. Sans eux, je n’aurai pas su que c’était ça !
Une soirée en terrasse
Nous sommes repartis en direction d’un restaurant local réputé pour y passer la soirée.
Au moment de reprendre la voiture, que nous avions garé le long d’une route (où d’autres voitures s’étaient garées), nous avons remarqué un joli sabot sur la roue !
Et là…panique ! On fait quoi ? Tout était marqué en Arabe sur le papier sur le pare-brise.
Un numéro de téléphone s’est démarqué (heureusement que nous avons hérité des chiffres :)).
Nous avons appelé le numéro. L’homme au téléphone nous a dit qu’il arrivait dans 5 minutes…étrange.
Durant l’attente, nous avons regardé les voitures stationnées dans la rue. Il y avait une vingtaine de voitures. Nous sommes la seule à avoir eu un sabot…. mais nous avions aussi la seule voiture avec une plaque d’immatriculation israélienne….
5 minutes se sont écoulées…un homme est arrivé sur son scooter.
Nous avons payé l’équivalent de 20€ (avec une facture) et il nous a enlevé le sabot.
Après ce petit moment de flippe, nous sommes repartis en direction du restaurant.
Nous y avons passé une agréable soirée avec un beau coucher de soleil sur la vallée.
Quelques feux d’artifices ont été tiré dans les alentours. Je sursautais à chaque retentissement (mon cerveau était encore sur le journal de 20h français…).
Nous sommes ensuite repartis en direction de Jérusalem, où nous séjournions.
Nous étions dimanche, soit un jour de semaine (le weekend est le vendredi et samedi).
Il était minuit et le checkpoint de l’aller était maintenant saturé.
Dans le sens Palestine > Israël, ça bloque. Les forces de l’armée israélienne procèdent à des contrôles et fouilles aléatoires, ou en fonction de la gueule et la plaque d’immatriculation ça marche aussi…Les Palestiniens qui travaillent en Israël attendent parfois 5 ou 6h pour ensuite se voir l’accès refusé.
Nous sommes passés sans problème. Avec nos têtes d’occidentaux et la voiture immatriculée en Israël, no stress !
Réflexion
Cette journée fut forte en émotions. Cette journée a détruit tous mes préjugés. Nous avons fait de fabuleuses rencontres, nous avons vu le bonheur entres ces murs.
Toute la Palestine n’est pas accessible comme cela.
Il faut par exemple une autorisation exceptionnelle pour se rendre sous escorte à Gaza, ou visiter avec beaucoup de précautions les villes comme Hebron.
Je n’ai personnellement jamais ressenti d’insécurité, tout en restant en permanence sur mes gardes. Je n’ai jamais ressenti les regards sur moi car je n’étais pas voilée. Il y règne une tolérance incroyable, dont on devrait parfois s’inspirer en France.
https://www.youtube.com/watch?v=59uPkzTIhAM&feature=emb_title